Alors que l’industrie digitale est en passe de devenir le secteur le plus polluant au monde, la maîtrise de son empreinte environnementale apparaît comme un enjeu majeur. C’est dans ce contexte que Razorfish France et Green IT ont présenté, lors du GreenTech Forum à Paris, l’édition 2024 de leur Baromètre de l’Éco-Conception Digitale. Une étude qui, pour la première fois, intègre l’analyse de l’impact des IA génératives les plus utilisées par les entreprises et les consommateurs.

Un premier pas vers l’évaluation des impacts des IA

L’étude a passé au crible 12 interfaces d’IA génératives (6 textuelles comme ChatGPT, Claude ou Mistral AI et 6 créatives comme Dall-e ou MidJourney), en utilisant l’algorithme EcoIndex pour les positionner sur une échelle de performance environnementale allant de A à G. Si l’évaluation complète reste difficile en raison de l’opacité des data centers, cette première approche permet déjà de dégager des tendances intéressantes :

  • Les interfaces des IA textuelles sont globalement moins coûteuses pour l’environnement que celles des IA créatives
  • Mistral AI et ChatGPT se démarquent avec les meilleures performances environnementales parmi les IA textuelles
  • Un prompt complexe est moins énergivore que plusieurs prompts simples successifs

Une stagnation préoccupante des entreprises françaises

Au-delà des IA, le Baromètre a également analysé les sites web des entreprises du CAC40 et du TOP40 e-commerce. Et les résultats sont peu encourageants, avec une note moyenne d’éco-conception en baisse à 30/100. Si le CAC40 stagne par rapport à l’an dernier, 45% de ses acteurs régressent. Côté e-commerce, la chute est encore plus marquée avec un score moyen tombé à 20/100.

Nous ne pouvons plus nous contenter de sensibiliser le marché. Si nous ne voulons pas devenir l’industrie la plus polluante du monde, nous devons modifier notre façon de produire le digital.

– Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France

Vers une prise de conscience et des actions concrètes ?

Face à ces constats alarmants, certains acteurs commencent à agir. Razorfish a ainsi défini une méthodologie interne pour garantir des scores minimums d’éco-conception sur ses productions. De son côté, le collectif GreenIT partage ses outils comme l’EcoIndex pour aider les entreprises à réduire leurs impacts.

Mais au-delà des initiatives isolées, c’est une véritable prise de conscience collective qui semble nécessaire. Car si la course à l’IA promet des innovations passionnantes, elle risque aussi d’accélérer considérablement l’empreinte carbone du digital. Un défi environnemental majeur que les entreprises ne peuvent plus ignorer, sous peine de voir leur Responsabilité Sociétale fortement remise en cause dans les années à venir.

Une chose est sûre : le Baromètre de l’Éco-Conception Digitale sera scruté de près lors de sa prochaine édition, pour voir si le virage de la sobriété numérique aura enfin été amorcé. Les entreprises françaises sauront-elles relever le défi d’un numérique plus responsable et durable ?