L’IA va-t-elle révolutionner le monde du travail ?

L’intelligence artificielle (IA) est sur toutes les lèvres en ce moment. Mais au-delà du battage médiatique, quelles seront les véritables répercussions de l’IA sur le marché du travail mondial dans les années à venir ? Une récente étude d’Ipsos apporte un éclairage intéressant sur la question, en sondant les perceptions des citoyens de différents pays.

Un enthousiasme variable selon les régions du monde

Premier constat : l’optimisme vis-à-vis de l’impact de l’IA sur l’emploi est loin d’être uniforme à l’échelle de la planète. Globalement, les pays asiatiques, Chine en tête, se montrent bien plus confiants quant au potentiel de l’IA pour créer de nouveaux métiers. À l’inverse, en Europe, on redoute davantage une destruction d’emplois liée à l’automatisation permise par l’IA.

Cette dichotomie peut s’expliquer par plusieurs facteurs :

• La Chine a massivement investi dans l’IA ces dernières années, y voyant un levier de croissance et de puissance. Le gouvernement encourage activement la recherche, l’innovation et l’adoption de l’IA par les entreprises.
• Les pays européens, confrontés à un chômage structurel plus élevé, craignent que l’IA ne vienne aggraver la situation en remplaçant les travailleurs humains, en particulier pour les tâches routinières et peu qualifiées.
• La structure des économies et des marchés du travail diffère : l’Europe compte davantage d’emplois dans l’industrie manufacturière et les services « à faible valeur ajoutée », plus susceptibles d’être automatisés, là où la Chine mise sur les secteurs high-tech.

Anticiper les mutations pour en tirer parti

Au-delà des prévisions plus ou moins optimistes, une chose est sûre : l’IA va profondément transformer le visage du travail dans les prochaines décennies, et ce dans tous les secteurs d’activité. Plutôt que de subir ces bouleversements, les pays, les entreprises et les individus ont tout intérêt à s’y préparer dès maintenant pour en saisir les opportunités.

L’avenir appartient à ceux qui anticipent les changements et s’y adaptent, pas à ceux qui les redoutent et tentent de les freiner.

Satya Nadella, PDG de Microsoft

Concrètement, cela passe par plusieurs axes :

• Investir massivement dans la formation : l’IA va faire évoluer les compétences recherchées. Il faut former les jeunes générations aux métiers d’avenir, mais aussi permettre aux actifs de se requalifier tout au long de leur carrière.
• Repenser l’organisation du travail : avec l’IA, la collaboration homme-machine va se généraliser. Les entreprises doivent réfléchir à une répartition optimale des tâches pour tirer le meilleur parti de l’intelligence artificielle et humaine.
• Créer un écosystème favorable : pour libérer tout le potentiel de l’IA en termes d’emplois et d’innovation, il faut un environnement propice, avec des infrastructures technologiques, un cadre réglementaire adapté, des incitations à l’entrepreneuriat…

Préparer une transition inclusive et éthique

La révolution de l’IA sur le marché du travail n’est pas qu’une question économique ou technologique. C’est aussi un immense défi social et éthique. Car si cette transition est mal anticipée et accompagnée, elle risque de créer son lot de « perdants », aggravant fractures et inégalités.

Les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer pour garantir une IA au service du plus grand nombre :

• En mettant en place des filets de sécurité pour les travailleurs dont l’emploi serait menacé : formations, aides à la reconversion, voire revenu universel…
• En définissant un cadre éthique strict pour le développement et l’usage de l’IA dans le monde du travail, afin de prévenir les dérives (surveillance excessive, biais discriminatoires des algorithmes de recrutement…)
• En veillant à une répartition équitable des gains de productivité générés par l’IA, pour éviter une captation de la valeur ajoutée par une poignée d’acteurs.

L’avènement d’une IA éthique et inclusive dans la sphère professionnelle est l’affaire de tous : décideurs politiques, chefs d’entreprise, partenaires sociaux, société civile… Relevons collectivement ce défi pour faire de l’intelligence artificielle une alliée du progrès social et humain au travail.