Imaginez la scène : un constructeur chinois qui vend plus de voitures électriques que Tesla sur certains trimestres débarque en force en France et recrute une pointure du marché automobile hexagonal pour piloter son offensive. C’est exactement ce qui vient de se produire avec la nomination de Dorothée Bonassies à la tête de BYD France. Et croyez-moi, ce n’est pas une simple rotation de cadres : c’est un coup stratégique qui en dit long sur les ambitions du géant de Shenzhen chez nous.

Dans un marché où chaque dixième de point de part de marché se gagne au prix fort, choisir une dirigeante qui a fait ses preuves chez Renault, Volkswagen et Skoda n’est pas anodin. C’est le signe que BYD ne vient plus seulement “tester” le terrain français : il vient le conquérir. Décryptage complet d’un mouvement qui pourrait bien bousculer l’ordre établi.

Qui est vraiment Dorothée Bonassies ?

Derrière ce nom qui commence à faire le tour des groupes WhatsApp des pros de l’auto, il y a une trajectoire exemplaire. Diplômée de SKEMA, Dorothée Bonassies démarre chez Renault en 1993 (oui, à l’époque où on parlait encore de R21 Turbo). Elle y gravit tous les échelons du marketing international avant de revenir en France pour diriger des équipes réseau et après-vente.

En 2011, elle rejoint Renault Retail Group, puis en 2017, elle passe chez l’ennemi juré : Volkswagen Group France. Là, elle enchaîne les postes stratégiques :

  • Directrice développement réseau et stratégie digitale
  • Directrice France de Skoda (la marque qui est passée de 1 % à plus de 4 % de PDM en quelques années)
  • Directrice France de Volkswagen

Autrement dit, elle connaît parfaitement les rouages du marché français, les attentes des concessionnaires, les subtilités réglementaires et surtout… comment faire exploser les ventes d’une marque challengée.

Le duo gagnant : quand Bonassies retrouve Perier

Le plus savoureux dans cette nomination ? Dorothée Bonassies retrouve Anthony Perier, tout juste nommé Directeur Commercial de BYD France. Les deux ont travaillé ensemble plus de huit ans chez Skoda et Volkswagen et ont littéralement fait pleuvoir les records de parts de marché.

Quand deux personnes qui se connaissent parfaitement et qui ont déjà prouvé qu’elles savent faire décoller une marque se retrouvent… ça sent le feu d’artifice.

– Un concessionnaire partenaire BYD, sous couvert d’anonymat

Ce tandem est probablement l’une des meilleures nouvelles pour les investisseurs et les observateurs du secteur. Parce que oui, en 2025, recruter des profils de ce calibre chez un constructeur chinois, c’est du jamais-vu.

BYD France : déjà plus de 10 000 immatriculations en 2025

Petit rappel pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents : BYD a officiellement lancé ses activités en France en 2022. Trois ans plus tard, la marque vient de franchir le cap symbolique des 10 000 immatriculations depuis janvier 2025. Un score qui peut paraître modeste face aux millions de Stellantis ou Renault, mais qui représente une progression fulgurante pour un nouvel entrant 100 % électrique/hybride rechargeable.

Et ce n’est que le début. Avec l’arrivée de nouveaux modèles (Seal U DM-i, Song Plus, la future berline électrique premium), le réseau qui s’étoffe rapidement et maintenant une direction française ultra-solide, tous les feux sont au vert.

Pourquoi cette nomination est un signal fort

Dans le petit monde de l’automobile, on regarde souvent les constructeurs chinois avec un mélange de curiosité et de condescendance. “Oui, ils vendent beaucoup en Chine, mais en Europe…”. Eh bien cette nomination vient balayer ce cliché d’un revers de main.

  • BYD ne se contente plus de parachuter des expats chinois
  • Le groupe investit dans des profils locaux de très haut niveau
  • Il montre qu’il comprend parfaitement les codes du marché français
  • Il se prépare clairement à passer à la vitesse supérieure

En clair : BYD ne joue plus dans la catégorie “petit nouveau exotique”. Il vise le podium.

Les défis qui attendent la nouvelle DG

Parce qu’être directeur général de BYD France en 2025, ce n’est pas une promenade de santé. Plusieurs chantiers titanesques attendent Dorothée Bonassies :

1. Développer un réseau de distribution premium
Actuellement, BYD s’appuie sur une vingtaine de points de vente. L’objectif ? Atteindre rapidement les 80-100 concessions d’ici 2027. Un défi colossal quand on sait que les meilleurs emplacements sont déjà occupés par les marques établies.

2. Construire une image de marque forte
En France, BYD souffre encore d’un déficit de notoriété et parfois d’une perception “low cost” héritée des premières années. Il va falloir travailler l’expérience client, la communication et le positionnement prix/produit.

3. Gérer la transition vers le 100 % électrique
Avec la fin des hybrides rechargeables annoncée pour 2030 et les ZFE qui se multiplient, il faut préparer le terrain dès maintenant.

4. Recruter et former des milliers de collaborateurs
Vendeurs, techniciens, conseillers après-vente : il va falloir attirer les talents dans un secteur où la concurrence fait rage.

Ce que ça change pour les entrepreneurs et les marketeurs

Vous êtes dans le marketing, la tech, la mobilité ou l’énergie ? Cette nomination doit vous faire tilt. Pourquoi ? Parce que l’arrivée massive des constructeurs chinois va bouleverser tous les codes :

  • Nouveaux business models (location de batterie, services connectés)
  • Prix ultra-agressifs sur des produits technologiques de pointe
  • Stratégies digitales direct-to-consumer inspirées du modèle Tesla
  • Partenariats inattendus (on pense à Uber, aux flottes d’entreprises, etc.)

En résumé : une disruption majeure est en marche. Et ceux qui sauront l’anticiper vont prendre plusieurs longueurs d’avance.

La phrase qui tue de Dorothée Bonassies

« Je suis particulièrement fière et heureuse de rejoindre le premier constructeur mondial de véhicules électriques et hybrides, pionnier dans les nouvelles technologies, et de participer activement à l’électrification du parc automobile français. BYD est un “Super Game Changer” alors “let’s play” ! »

– Dorothée Bonassies, Directrice Générale BYD France

Cette phrase résume tout : on n’est plus dans la demi-mesure. On est dans le “all in”.

Et maintenant ?

2026 s’annonce comme l’année du grand décollage pour BYD en France. Avec une gamme qui s’étoffe, un réseau qui grandit et désormais une direction française ultra-compétente, tous les ingrédients sont réunis pour que le dragon chinois fasse trembler les constructeurs historiques.

Une chose est sûre : dans les prochains mois, on va beaucoup parler de BYD. Et ceux qui pensaient que les Chinois mettraient dix ans à s’imposer en Europe risquent d’être très surpris.

Le game a commencé. Et il promet d’être passionnant à suivre.