Imaginez que vous passiez des semaines à peaufiner votre campagne email la plus ambitieuse de l’année. Objet parfait, contenu ultra-personnalisé, segmentation chirurgicale… et le jour J, 40 % de vos messages finissent directement dans les limbes des spams ou, pire, sont purement et simplement rejetés. Ce n’est plus une hypothèse. C’est la réalité de milliers d’entreprises françaises depuis février 2024.

Google et Yahoo ont appuyé sur le bouton nucléaire de la délivrabilité. Ce qui était autrefois une « bonne pratique » est devenu une obligation sous peine de mort digitale. Et un an après, le paysage ressemble à un champ de bataille : certains acteurs prospèrent, d’autres agonisent silencieusement.

2024-2025 : l’année où tout a basculé

Février 2024. Google et Yahoo, qui représentent ensemble plus de 60 % des boîtes de réception mondiales, publient leurs nouvelles exigences. Au départ, elles ne concernent « que » les expéditeurs envoyant plus de 5 000 emails par jour vers leurs domaines. Mais très vite, tous les fournisseurs de messagerie (Microsoft, Orange, La Poste, etc.) alignent leurs filtres.

Les trois coups de massue :

  • Authentification SPF + DKIM + DMARC obligatoire
  • Désinscription en un clic dans chaque email
  • Taux de plaintes maximal autorisé : 0,3 % (au-delà, blocage progressif puis total)

En juin 2024, nouvelle vague : même les expéditeurs plus modestes doivent se plier à ces règles sous peine de voir leur réputation d’expéditeur s’effondrer. Résultat ? Des plateformes historiques perdent 30 à 70 % de délivrabilité en quelques semaines.

« On a vu des clients passer de 98 % de placement en boîte principale à moins de 40 % du jour au lendemain, juste parce que leur plateforme n’avait pas anticipé le DMARC reject. »

– Responsable délivrabilité d’une grande agence email française

Les chiffres qui font mal en 2025

Le rapport Sinch Mailjet 2025 est implacable :

  • 67 % des expéditeurs ont mis en place SPF/DKIM (mais seulement 42 % correctement configurés)
  • Seulement 28 % ont une politique DMARC en mode « reject »
  • Plus de 1 entreprise française sur 3 utilise encore une plateforme non conforme
  • Perte moyenne de CA liée à la mauvaise délivrabilité : 18 % pour les e-commerçants

Les critères qui séparent les gagnants des perdants

Toutes les plateformes emailing ne jouent plus dans la même cour. Voici les points non négociables en 2025.

1. IP dédiée vs IP mutualisée : la différence entre vie et mort

Avec une IP mutualisée, vous partagez votre adresse d’envoi avec des centaines (parfois milliers) d’autres clients. Si l’un d’eux fait n’importe quoi – achat de listes, contenu douteux, plaintes en masse – c’est votre réputation qui plonge.

Avec une IP dédiée, vous êtes seul maître à bord. Vous contrôlez votre réputation à 100 %. Et surprise : en 2025, certaines plateformes françaises incluent l’IP dédiée dès le premier niveau de forfait. Aux États-Unis ? C’est souvent 500 à 2000 €/mois en supplément.

2. Gestion automatique de l’authentification : fini le cauchemar DNS

Configurer SPF, DKIM et DMARC manuellement ? C’est comme faire sa propre chirurgie cardiaque avec un tuto YouTube. Une virgule mal placée et tout s’effondre.

Les meilleures plateformes 2025 proposent :

  • Génération automatique des enregistrements DNS
  • Vérification en temps réel de la conformité
  • Monitoring quotidien de la réputation (Google Postmaster, SNDS Microsoft, etc.)
  • Alertes instantanées en cas de dégradation

3. Hébergement des données : le piège RGPD que tout le monde oublie

Vous utilisez toujours une solution américaine ? Bonne chance avec le RGPD. Depuis l’invalidation du Privacy Shield et les décisions de la CNIL, transférer des données personnelles vers les États-Unis sans garanties solides expose à des amendes jusqu’à 4 % du CA mondial.

En 2025, les plateformes sérieuses hébergent en France ou en UE, point final. C’est non seulement plus sûr, mais ça simplifie énormément la vie quand la CNIL vient frapper à la porte.

4. Support humain (oui, par téléphone) : le luxe qui devient indispensable

Quand votre campagne de Noël ne passe pas à 9 h du matin le 24 décembre, vous avez envie de parler à un chatbot en anglais ? Non.

Les problèmes de délivrabilité sont souvent complexes :

  • Blacklist surprise
  • Blocage sélectif chez un FAI français
  • Contenu déclenchant les nouveaux filtres IA de Gmail

Un expert francophone joignable en 2 sonneries peut résoudre ça en 15 minutes. Un ticket ? 48 h minimum.

L’IA dans l’emailing : entre révolution et poudre aux yeux

Toutes les plateformes crient au génie avec leur « IA révolutionnaire ». Mais creusons un peu.

La génération de contenu par IA ? Sympa pour un premier jet, mais 90 % du temps, il faut tout réécrire pour garder le ton de marque. Et si votre email n’arrive pas en boîte de réception, le plus beau texte du monde ne sert à rien.

Les vraies révolutions de l’IA en 2025 :

  • Optimisation prédictive de l’heure d’envoi (jusqu’à +35 % d’ouvertures)
  • Scoring de délivrabilité avant envoi (détection des mots/spams, liens suspects)
  • Nettoyage intelligent des bases (détection des pièges à spam, inactifs, rôle accounts)
  • Segmentation comportementale en temps réel

« L’IA qui rédige vos emails, c’est du maquillage. L’IA qui fait arriver vos emails, c’est du business. »

– Loïc Bresler, Directeur associé Ediware

Checklist 2025 : votre plateforme passe-t-elle le test ?

Posez-vous ces 8 questions avant de signer (ou de rester) :

  • IP dédiée incluse ou en option abordable ?
  • Authentification SPF/DKIM/DMARC gérée automatiquement ?
  • Données hébergées en France/UE ?
  • Support téléphonique en français inclus ?
  • Monitoring réputation en temps réel ?
  • Désinscription en un clic + gestion RGPD native ?
  • Tarification flexible (crédits sans expiration possible) ?
  • Accompagnement délivrabilité inclus (pas en option à 500 €/mois) ?

Si vous avez plus de 2 « non », il est temps de sérieusement envisager une migration.

Et demain ? Vers une délivrabilité encore plus impitoyable

Les signaux sont clairs : 2026-2027 verra probablement :

  • L’extension des règles aux expéditeurs de moins de 1000 emails/jour
  • La prise en compte des signaux BIMI et Brand Indicators for Message Identification
  • Des filtres IA encore plus agressifs sur le contenu (ton, structure, personnalisation)
  • Des pénalités financières directes pour les plateformes non conformes

Les entreprises qui auront choisi la bonne plateforme dès 2025 auront un avantage compétitif colossal. Les autres… continueront à parler à des boîtes de réception vides.

La délivrabilité n’est plus un détail technique. C’est devenu le premier levier de performance de l’email marketing. Et en 2025, ceux qui l’ont compris redessinent complètement la carte du jeu.