Imaginez : une femme qui fait rentrer chaque jour un biscuit LU, une tablette Milka ou un paquet d’Oreo dans neuf foyers français sur dix va désormais présider aux destinées de l’ensemble des grandes marques hexagonales. Le 27 novembre 2025, le conseil d’administration de l’Union des marques a créé la surprise – ou plutôt la confirmation – en élisant à l’unanimité Amélie Vidal-Simi comme prochaine présidente à partir du 1er janvier 2026. Un signal fort dans un secteur où la responsabilité et l’innovation ne sont plus des options, mais des impératifs de survie.

Un vote unanime qui en dit long sur l’époque

L’unanimité, dans une association qui regroupe plus de 200 annonceurs parmi les plus puissants de France, ce n’est pas anodin. Cela signifie qu’en 2025, les dirigeants marketing les plus exigeants se reconnaissent dans le parcours et la vision d’une femme qui a su transformer Mondelēz France en modèle de performance responsable. Exit le temps où la présidence tournait entre géants historiques de la beauté ou de l’hygiène : c’est désormais l’agroalimentaire, secteur ultra-exposé aux critiques sociétales, qui prend le volant.

Amélie Vidal-Simi succède à Hervé Navellou (ex-L’Oréal), qui laisse derrière lui une Union des marques profondément modernisée : nouveau siège, programme FAIRe, guide de l’influence responsable… La nouvelle présidente n’arrive donc pas sur un terrain vierge, mais sur une route déjà bien asphaltée – qu’il s’agit maintenant d’accélérer.

Qui est vraiment Amélie Vidal-Simi ?

Depuis 2021, elle dirige Mondelēz International en France – 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 19 500 emplois soutenus, neuf usines sur le territoire. Derrière ces chiffres froids se cache une stratégie en trois piliers qui fait aujourd’hui école :

  • Valorisation des marques iconiques (LU fête ses 180 ans en 2026, rien que ça)
  • Ancrage territorial ultra-fort (les biscuiteries de Jussy, Cestas, Granollers… sont devenues des arguments de communication à part entière)
  • Une RSE ambitieuse, notamment sur le cacao et le blé durable (programme Harmony, Cocoa Life…)

Cette dernière dimension n’est pas gadget : Mondelēz est l’un des tout premiers membres du programme FAIRe lancé par l’Union des marques il y a quinze ans et qui connaît aujourd’hui une seconde jeunesse.

« Rejoindre le programme FAIRe est une opportunité unique de partager nos engagements en matière de durabilité, de collaborer avec d’autres entreprises engagées et de continuer à innover pour un avenir plus responsable »

– Petar Sogindolski, Directeur Marketing Mondelēz France

Les chantiers brûlants de 2026-2027

Avec Amélie Vidal-Simi aux commandes, l’Union des marques ne compte pas lever le pied. Quatre priorités stratégiques ont été dévoilées :

1. La mesure cross-médias : enfin une monnaie commune ?

En 2026, la France doit rattraper son retard sur l’Allemagne ou le Royaume-Uni. L’objectif : une mesure d’audience unifiée TV/digital/outdoor qui permette aux marques de piloter leurs investissements comme on pilote une campagne Google Ads. Spoiler : ça change tout en termes d’allocation budgétaire.

2. L’intelligence artificielle responsable

Après le GenAI Act européen, les marques vont devoir prouver que leurs outils d’IA générative respectent éthique, droits d’auteur et transparence. L’Union des marques promet un cadre pratique, pas juste des recommandations théoriques.

3. Élargir le cercle des adhérents

Objectif : passer de 200 à 250+ membres d’ici fin 2027. Les ETI et les scale-up françaises (Doctolib, Back Market, Alan…) sont particulièrement courtisées. Plus on est de marques, plus la voix pèse face aux plateformes et aux pouvoirs publics.

4. Accélérer le programme FAIRe

15 indicateurs de communication responsable, un label reconnu par l’ADEME, des formations… Le programme lancé en 2009 devient le nouveau standard de place. Et avec Mondelēz en première ligne, attendez-vous à ce que l’agroalimentaire montre la voie.

« Nous devons accompagner les marques dans les transformations qui s’imposent et renforcer notre capacité collective à conjuguer performance, confiance et responsabilité. »

– Amélie Vidal-Simi, future présidente de l’Union des marques

Pourquoi ce choix est une excellente nouvelle pour les marketeurs

Dans un monde où les consommateurs sanctionnent en 24 heures une campagne maladroite (remember les polémiques récentes), avoir à la tête de l’association une dirigeante qui a su faire de la contrainte RSE un levier de croissance, c’est un luxe. Mondelēz a réussi à faire +5 % de croissance volume en 2024 tout en réduisant son empreinte carbone de 15 % sur le scope 3. C’est concret.

Et puis, il y a le symbole : une femme, issue de l’agroalimentaire, qui prend la présidence d’une institution centenaire. Dans un secteur où les instances restent encore très masculines (seulement 30 % de femmes dans les comex marketing selon l’ADECC 2025), c’est un message fort envoyé à toute la profession.

Le nouveau bureau : la dream team 2026

Autour d’Amélie Vidal-Simi, le comité de direction se renouvelle sans tout casser :

  • Jean-Luc Chetrit reste directeur général (stabilité précieuse)
  • Bertrand Cizeau et Mauro De Felip nommés vice-présidents
  • Sarah Armitage devient trésorière
  • Caroline Dassié et Raphaëlle Sabran-Egasse font leur entrée

Un savant dosage entre continuité et sang neuf qui montre que l’Union des marques a appris à se réinventer sans se renier.

Ce que ça change concrètement pour vous, marketeur

En 2026, attendez-vous à :

  • Des formations intensives sur l’IA générative responsable (prompt engineering éthique, gestion des deepfakes…)
  • Un observatoire mensuel de la mesure cross-médias (avec benchmarks réels)
  • Des prises de position plus tranchées face aux GAFAM sur la data et la publicité ciblée
  • Un label FAIRe qui pourrait devenir aussi incontournable que le Nutri-Score pour la com

Bref, l’Union des marques passe en mode commando. Et avec Amélie Vidal-Simi à sa tête, elle a clairement les moyens de ses ambitions.

À suivre de très près en 2026. Parce que quand les marques françaises décident de jouer collectif, ça peut bouger les lignes – et pas qu’en France.