Imaginez un journal régional qui, en quelques mois seulement, passe de l’ombre des kiosques à la lumière crue des feeds Instagram et atteint les 100 000 abonnés. Pas avec des budgets publicitaires démesurés, pas avec des jeux-concours clinquants, mais simplement en misant sur ce qu’il connaît le mieux : son territoire et ses habitants. C’est exactement ce qu’a réussi Le Dauphiné Libéré fin 2025, et cette success-story mérite qu’on s’y arrête longuement.

Pourquoi les médias locaux peinent (encore) sur Instagram

Avant de célébrer la victoire, remettons les choses en perspective. La plupart des journaux régionaux végètent sur les réseaux sociaux. Leurs comptes Instagram ressemblent souvent à des vitrines froides : une couverture du jour, un titre en légende, quelques likes polis et puis… rien. Le problème ? Ils appliquent la même recette que les grands médias nationaux, alors que leur force est ailleurs : la proximité brute, l’attachement viscéral au territoire.

Le Dauphiné Libéré aurait pu tomber dans ce piège. Au lieu de cela, le média a choisi une voie radicalement différente : transformer Instagram en place du village 2.0, là où on se parle, où on se reconnaît, où on partage les mêmes galères de bouchons au col du Lautaret et les mêmes joies quand la neige tombe enfin sur les stations.

L’agence 18h08 : quand le marketing reprend le pouvoir sur l’influence

Derrière cette métamorphose, on trouve l’agence marseillaise 18h08, un ovni dans le paysage français de l’influence. Leur credo ? Remettre le marketing au centre du jeu. Fini les partenariats jetables avec des influenceurs macro parce qu’ils ont “beaucoup de followers”. Chez 18h08, on parle Test & Learn, data, tunnel de conversion et ROI mesurable.

“L’influence, ce n’est pas offrir des box ou organiser des concours. C’est créer de la valeur perçue et transformer l’audience en communauté engagée.”

– L’équipe 18h08

Leur modèle repose sur quatre piliers simples mais redoutablement efficaces :

  • Les bons concepts (créatifs et ancrés localement)
  • Les bons influenceurs (pas forcément les plus gros, mais les plus légitimes)
  • Les bonnes stratégies (éditoriales, pas promotionnelles)
  • Les bons tarifs (transparence et performance)

Une campagne 100 % locale, 0 % artificielle

Pour Le Dauphiné Libéré, 18h08 a sélectionné quatre créateurs qui incarnent parfaitement l’ADN du territoire :

  • @cam_dewoods – la reine de la rando et du trail autour d’Annecy
  • @sarahfayollle – lifestyle savoyard authentique
  • @memesgrenoblois – l’humour 100 % Isère qui fait mouche
  • @jpeuxpasjairando – la page qui résume l’addiction alpine de toute une région

Aucun influenceur parisien. Aucun placement de produit forcé. Juste des gens d’ici qui parlent à des gens d’ici.

Le format qui a tout cassé : la Chronique Rando de Cam Dewoods

Parmi tous les contenus produits, un format s’est détaché très nettement : les Chroniques Rando de Camille (@cam_dewoods). Une vidéo où elle part en montagne, raconte l’actu locale vue du sentier, glisse des infos du Dauphiné Libéré comme si elle discutait avec des copains.

Résultat ? Une seule publication a généré plus de 750 000 impressions. Organiquement. Sans boost, sans concours, sans “tag un ami”. Juste du contenu qui résonne parce qu’il est vrai.

Les chiffres qui font tourner la tête

Pendant la durée de l’opération, le compte @ledauphinelibere_ a enregistré :

  • +40 000 abonnés gagnés (pure croissance organique)
  • 2,5 millions d’impressions supplémentaires
  • 34 000 interactions (likes, commentaires, partages)
  • Un CPM à 2 € seulement (quand la moyenne Instagram tourne autour de 8-12 €)

Ces performances montrent une chose essentielle : quand le contenu est hyper-ciblé géographiquement et authentique, les algorithmes Instagram le récompensent massivement.

Pourquoi cette stratégie est reproductible (même pour votre marque)

Ce qui a marché pour Le Dauphiné Libéré n’est pas réservé aux médias. Toute marque avec un ancrage territorial fort peut s’en inspirer. Voici les leçons clés :

1. Oubliez la course aux gros influenceurs
Préférez 10 micro-influenceurs ultra-légitimes à un macro-influenceur hors-sol.

2. Parlez comme vos clients parlent
Pas de langage corporate. Utilisez les expressions locales, les private jokes, les références que seuls les gens du coin comprennent.

3. Créez des formats récurrents
La Chronique Rando a fonctionné car elle était attendue. Les abonnés reviennent pour le prochain épisode.

4. Zéro incitation artificielle
Pas de “abonne-toi et gagne un iPhone”. L’engagement vient du contenu, pas du cadeau.

5. Mesurez tout, ajustez en temps réel
La méthode Test & Learn de 18h08 a permis d’identifier très vite ce qui cartonnait (les randos, l’humour local) et d’amplifier.

Et après les 100 000 abonnés ?

Atteindre 100K n’est pas une fin en soi. Pour Le Dauphiné Libéré, c’est le début d’une nouvelle ère : monétisation plus fine, contenus premium, événements physiques relayés en live, partenariats locaux renforcés… Instagram devient un véritable levier business, pas juste une vitrine.

Et pour les autres médias régionaux qui regardent cela avec envie ? Le message est clair : votre audience est déjà là, sur le territoire. Il suffit de lui parler avec les bonnes voix.

Conclusion : l’authenticité territoriale, nouveau Graal du marketing digital

En 2025, pendant que certains dépensent des centaines de milliers d’euros en méga-influenceurs et métavers, un journal régional a prouvé qu’on pouvait exploser sur Instagram avec une stratégie à moins de 50 000 €, sans tricher, juste en étant fidèle à soi-même.

La leçon est brutale et magnifique à la fois : dans un monde saturé de contenu lisse et globalisé, le local authentique est devenu l’ultime différenciant.

Et vous, quand est-ce que vous activerez enfin vos ambassadeurs de territoire ?

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