Alors que l’âge minimum requis pour s’inscrire sur la plupart des réseaux sociaux est de 13 ans, une étude récente révèle que les trois quarts des enfants âgés de 11 à 12 ans les utilisent déjà régulièrement. Un constat alarmant qui soulève de nombreuses questions sur l’impact de ces pratiques sur le développement des plus jeunes.

Des chiffres édifiants

L’étude Born Social, menée par l’agence Heaven en partenariat avec Génération Numérique, a enquêté auprès de 200 enfants de 10 à 13 ans. Elle révèle notamment que :

  • 90% des moins de 13 ans possèdent aujourd’hui leur propre smartphone, dont 47% dès l’âge de 11 ans
  • 75% des 11-12 ans utilisent régulièrement les réseaux sociaux, malgré l’interdiction
  • YouTube est la plateforme préférée de 61,5% d’entre eux, loin devant Instagram, TikTok et Snapchat

Le succès de YouTube s’explique par sa capacité à accompagner les enfants dès leur plus jeune âge via le service YouTube Kids, puis en adoptant le format des vidéos courtes à la TikTok. Une stratégie payante qui lui a permis de détrôner son rival chinois auprès des plus jeunes.

WhatsApp, le nouveau réseau tendance

Fait marquant de cette étude : la montée en puissance de WhatsApp. Alors que l’application était utilisée par 43% des sondés en 2023, elle séduit désormais la moitié d’entre eux. Un score qui lui permet de dépasser Instagram, TikTok et Snapchat.

WhatsApp est prisée par ces pré-ados pour ses multiples fonctionnalités : envoi de messages vocaux, appels vidéo, création de groupes… En plus, les parents l’approuvent.

Géolocalisation : une pratique parentale en hausse

L’étude met également en lumière une pratique de plus en plus répandue chez les parents : la géolocalisation de leurs enfants via leur smartphone. 60% d’entre eux y ont recours en 2024, contre 55% un an plus tôt et seulement 34% en 2020.

L’inquiétude du burn-out parental

Pourtant, ces chiffres sont à mettre en parallèle avec un autre constat préoccupant : 28% des enfants estiment que leurs parents passent trop de temps sur leur mobile, un sentiment en hausse de 7 points en un an. Un mal-être générationnel qui fait écho au phénomène grandissant de burn-out parental lié aux écrans.

Jeux vidéo en ligne : nouveaux espaces de socialisation

Autre tendance notable : 63% des mineurs se connectent désormais à des plateformes de jeux vidéo en ligne pour s’amuser avec leurs amis. Des espaces qui deviennent de véritables lieux de socialisation pour toute une génération.

L’intelligence artificielle, une technologie encore peu utilisée

Enfin, alors que l’IA est sur toutes les lèvres, l’étude révèle que les moins de 13 ans l’utilisent encore peu, même s’ils sont déjà familiarisés avec cette technologie. Un usage qui devrait s’intensifier dans les années à venir.

Des questionnements multiples

Ces différents constats soulèvent de nombreux enjeux, tant en termes de respect de la législation que de santé publique :

  • Comment responsabiliser les réseaux sociaux face à un public qu’ils ne sont pas censés cibler ?
  • Comment accompagner les parents dans la gestion des usages numériques de leurs enfants ?
  • Quel impact ces pratiques peuvent-elles avoir sur le développement cognitif et la santé mentale des plus jeunes ?

Autant de questions qui appellent une véritable prise de conscience collective et des réponses concrètes de la part des pouvoirs publics, des acteurs du numérique et de la communauté éducative. Car si les réseaux sociaux offrent d’indéniables opportunités en termes de socialisation et de créativité, ils comportent aussi des risques qu’il convient de prendre en compte et de prévenir.