Le magnat de la tech Elon Musk, désormais à la tête du réseau social X (anciennement Twitter), envisage de prendre des mesures légales pour s’attaquer à ce qu’il considère comme un effort concerté visant à restreindre la liberté d’expression sur sa plateforme. Selon lui, un « cartel » de publicitaires collaborerait pour contrôler ce qui est autorisé ou non sur les réseaux sociaux. Une bataille qui s’annonce complexe et lourde d’enjeux.

Le rôle central de la Global Alliance for Responsible Media

Au cœur de cette controverse se trouve la Global Alliance for Responsible Media (GARM), une initiative intersectorielle visant à lutter contre les contenus préjudiciables en ligne. La GARM rassemble de grands annonceurs représentant 90% des dépenses publicitaires aux États-Unis. Son objectif : établir un cadre commun de définitions pour assurer un placement responsable des publicités.

Mais selon certains, dont le commentateur conservateur Ben Shapiro, la GARM agirait comme un « cartel » imposant des restrictions sur les discours qu’elle juge indésirables, notamment les opinions conservatrices. Une pratique qui relèverait de la censure politique.

La GARM n’établit pas seulement des limites sur ce qui est criminel, abusif ou dangereux. Ses normes incluent également des restrictions sur les discours de haine, le harcèlement, la désinformation ou le traitement insensible et irresponsable de questions sociales sensibles.

– Ben Shapiro, lors d’une audition au Congrès

Elon Musk contre-attaque sur le terrain juridique

Face à cette situation, Elon Musk a chargé son équipe juridique de construire un dossier visant à prouver l’existence d’efforts coordonnés pour censurer certains discours. Une démarche qui s’annonce complexe sur le plan légal, car il ne s’agit pas de poursuivre des marques individuelles mais de s’attaquer à un système d’influence.

L’enjeu pour X est de taille. Depuis le rachat par Elon Musk, les revenus publicitaires du réseau social ont chuté de 50%. Malgré les réductions drastiques de coûts, la dette contractée pèse lourdement sur l’entreprise. Les abonnements payants X Premium peinent à combler le manque à gagner, plaçant la plateforme dans une position financière précaire.

Les motivations d’Elon Musk sont claires : récupérer les budgets publicitaires perdus. Mais difficile de prédire si une action en justice aura l’effet escompté. Car au-delà des pratiques dénoncées, ce sont aussi les prises de position controversées du milliardaire qui ont refroidi de nombreux annonceurs.

Je dirai ce que je veux, et si la conséquence est de perdre de l’argent, qu’il en soit ainsi.

– Elon Musk, à propos de sa liberté d’expression sur X

Un avenir incertain pour la plateforme X

La détermination d’Elon Musk à défendre sa vision de la liberté d’expression est louable. Mais dans un écosystème publicitaire complexe, où la « brand safety » est cruciale, ses prises de position à répétition pourraient paradoxalement précipiter la chute de son réseau social.

Une récente levée de fonds de 6 milliards de dollars pour xAI, le projet d’intelligence artificielle d’Elon Musk lié à X, offre un répit temporaire. Mais sans un retour en grâce auprès des annonceurs, l’avenir de la plateforme reste incertain. Seul le temps nous dira si la stratégie judiciaire du milliardaire portera ses fruits, ou signera au contraire le chant du cygne de l’ancien Twitter.

En attendant, cette bataille met en lumière les tensions croissantes entre liberté d’expression, modération des contenus et impératifs économiques dans l’univers des réseaux sociaux. Un équilibre délicat, constamment remis en question au gré des controverses et des changements de direction. Et vous, que pensez-vous de la stratégie d’Elon Musk ? La liberté d’expression doit-elle primer sur les considérations publicitaires ? Rejoignez le débat sur X !