Imaginez que vous tapiez une question sur Google et qu’au lieu de cliquer sur un lien bleu, vous restiez… chez Google. Un simple « poser une autre question » et hop, vous voilà plongé dans un vrai dialogue avec une IA, sans jamais quitter l’écosystème du géant de Mountain View. Ce n’est plus de la science-fiction : c’est le test que Google déploie actuellement à l’échelle mondiale. Et pour les entrepreneurs, marketeurs et propriétaires de sites, cette petite mise à jour anodine pourrait bien être le début d’une révolution… ou d’un cauchemar.

Que se passe-t-il exactement sur mobile ?

Concrètement, quand un utilisateur (pour l’instant seulement certains participants au test) voit apparaître l’AI Overview en haut de la page de résultats, un nouveau bouton « Afficher plus » fait son apparition. En cliquant dessus, une barre « Poser n’importe quoi » s’affiche en bas d’écran. Dès que l’internaute tape une question de suivi, Google ne se contente plus d’afficher un nouvel aperçu : il bascule entièrement l’utilisateur dans son interface AI Mode, le fameux mode conversationnel qui ressemble de plus en plus à ChatGPT ou à Gemini.

C’est fluide, c’est beau, c’est terriblement efficace. Et c’est précisément ce qui fait peur.

« Nous commençons à tester une nouvelle façon d’aller plus loin dans AI Mode directement depuis la page de résultats de recherche sur mobile, partout dans le monde. Cela nous rapproche de notre vision pour la Recherche : posez simplement ce qui vous passe par la tête – peu importe la longueur ou la complexité – et trouvez exactement ce dont vous avez besoin. »

– Robby Stein, VP Google Search

Pourquoi Google pousse-t-il si fort l’IA conversationnelle ?

La réponse est simple : la concurrence. ChatGPT a dépassé les 200 millions d’utilisateurs actifs hebdomadaires, Perplexity lève des centaines de millions de dollars, et même Apple vient d’intégrer ChatGPT dans iOS 18. Google ne peut plus se contenter d’être « juste » le meilleur moteur de recherche traditionnel. Il doit devenir le point d’entrée unique de l’information sur internet.

En transformant la SERP en véritable assistant conversationnel, Google espère garder les utilisateurs le plus longtemps possible dans son jardin clos. Plus besoin de cliquer ailleurs quand l’IA peut enchaîner 10, 20, 50 questions sans jamais vous renvoyer vers un site tiers.

Le trafic des sites va-t-il s’effondrer ?

C’est la grande question que tout le monde se pose depuis l’arrivée des AI Overviews en mai 2024. Les études indépendantes (SparkToro, Ahrefs, Semrush) montraient déjà une chute de 20 à 60 % des clics sur les liens organiques quand un aperçu IA était affiché. Avec ce nouveau pont direct vers AI Mode, on passe à la vitesse supérieure.

Google, bien sûr, conteste ces chiffres. En août 2025, l’entreprise affirmait que le volume total de clics organiques n’avait « pratiquement pas bougé » et que la qualité des clics avait même augmenté : moins de pogo-sticking (retour rapide vers Google), donc des visiteurs plus engagés.

Mais soyons honnêtes : quand un utilisateur peut poser dix questions complexes et obtenir des réponses détaillées, citations à l’appui, tableaux comparatifs et même des images générées… pourquoi cliquerait-il encore sur votre article de blog ?

Les chiffres qui font mal

  • Étude Ahrefs (octobre 2025) : -37 % de clics organiques en moyenne sur les requêtes affichant un AI Overview complet
  • SparkToro & Datos (novembre 2025) : 64 % des recherches générationnelles se terminent sans aucun clic externe (« zero-click searches »)
  • Gartner prévoit que d’ici 2028, le trafic organique traditionnel chutera de 50 % pour les sites d’information et e-commerce

Ces chiffres ne sont pas anodins. Pour un site média, une boutique en ligne ou un blog monétisé, cela représente potentiellement des centaines de milliers d’euros de pertes par an.

Comment survivre (et prospérer) dans ce nouveau monde ?

Plutôt que de pleurer sur le passé, les entrepreneurs malins se préparent déjà. Voici les stratégies qui émergent :

1. Devenir une source citée par l’IA

Les IA comme Google, Perplexity ou ChatGPT citent de plus en plus souvent leurs sources. Être dans les 3-4 liens cités sous l’aperçu IA devient le nouvel eldorado du SEO. Comment ? En produisant du contenu ultra-spécialisé, factuel, avec des données originales (études, statistiques maison, outils interactifs).

2. Créer des expériences que l’IA ne peut pas reproduire

Communautés privées, outils SaaS, coachings personnalisés, événements en direct… Tout ce qui nécessite une relation humaine ou un accès exclusif échappe (pour l’instant) aux IA.

3. Miser sur les formats que Google met en avant

Les tableaux comparatifs, les FAQ structurées, les listes numérotées avec données chiffrées sont massivement repris dans les AI Overviews. Optimiser pour ces formats devient crucial.

4. Diversifier ses sources de trafic

YouTube, TikTok, newsletters privées, LinkedIn, communautés Discord… Ceux qui ont commencé à construire leurs propres audiences hors Google il y a 2-3 ans respirent aujourd’hui.

Ce que ça change pour votre stratégie 2026

Le SEO traditionnel (volume de recherche + position 1) est en train de mourir doucement. Le nouveau SEO ressemble plus à de l’inbound marketing augmenté à l’IA :

  • Produire moins de contenu, mais plus profond et plus original
  • Miser sur l’autorité de marque (E-E-A-T poussé à l’extrême)
  • Transformer son site en véritable outil (calculateurs, générateurs, simulateurs)
  • Construire une audience owned (email, app, communauté)

Et demain ?

Ce test n’est que le début. Google a déjà annoncé vouloir étendre AI Mode à l’ensemble des recherches d’ici fin 2026. On parle même d’un abonnement « Google One AI Premium » avec accès illimité à des modèles encore plus puissants.

Pour les startups et entrepreneurs, il y a deux écoles :

  • Ceux qui voient l’IA comme une menace mortelle
  • Ceux qui la voient comme la plus grande opportunité depuis l’invention du web

Dans les deux cas, une chose est sûre : attendre 2026 pour réagir sera trop tard.

Le web que nous connaissions est en train de se transformer sous nos yeux. L’enjeu n’est plus d’être premier sur Google, mais d’être indispensable quand Google (et ses utilisateurs) viendront frapper à votre porte… ou décideront de passer leur chemin.

La question n’est plus « Est-ce que ça va changer ? » mais « Êtes-vous prêt ? »