IA : Meta Explore des Chatbots avec des Voix de Célébrités

Dans un marché de l’IA en pleine effervescence, Meta cherche à se démarquer en explorant une approche originale pour ses chatbots : l’utilisation de voix de célébrités. Le géant des réseaux sociaux mise sur l’attrait des stars pour stimuler l’adoption de ses outils d’intelligence artificielle. Mais cette stratégie sera-t-elle payante ?

Un pari audacieux sur les célébrités

En septembre dernier, lors de sa conférence Connect où Meta présente ses dernières avancées technologiques, l’annonce phare était le lancement de chatbots IA incarnés par des célébrités. Grâce à l’intelligence artificielle, les utilisateurs peuvent interagir avec ces agents conversationnels aux voix de stars via messagerie.

Imaginez converser avec un chatbot à la voix de Snoop Dogg, recevant des réponses imitant le flow caractéristique du rappeur. Bien sûr, ce n’est pas Snoop Dogg en personne qui répond, mais un personnage IA basé sur lui, sans même porter son nom. Vous échangeriez avec « Dungeon Master » qui vous répondrait avec la voix de Snoop.

Une valeur ajoutée discutable

Si certains utilisateurs ont trouvé une utilité à ces chatbots, comme le bot cuisinier basé sur le chef Roy Choi qui donne apparemment d’excellents conseils de recettes, on peut s’interroger sur la réelle valeur ajoutée de l’aspect célébrité. Ces bots auraient-ils été tout aussi efficaces sans la photo de profil d’une star ?

Au final, qui se soucie vraiment qu’un bot soit basé sur une célébrité si ce n’est pas la célébrité elle-même qui répond ? Les gens sont-ils à ce point obsédés par les stars que même un soupçon d’interaction avec une personnalité connue suffit à les enthousiasmer pour converser avec des bots ?

Meta abandonne discrètement ses chatbots à l’effigie de célébrités, faute d’utilisateurs.

– Bloomberg

Visiblement non, puisque selon un rapport de Bloomberg, Meta a commencé à retirer sans bruit ses chatbots basés sur des célébrités la semaine dernière, personne ne les utilisant. Ce qui n’est guère surprenant.

Un investissement conséquent pour des voix de stars

Malgré cet échec, Meta ne semble pas prêt à abandonner l’idée d’exploiter l’aura des célébrités pour ses projets d’IA. Selon des sources anonymes citées par Bloomberg, l’entreprise proposerait des millions de dollars à des stars hollywoodiennes pour obtenir le droit d’enregistrer et d’utiliser leurs voix pour de futurs outils d’intelligence artificielle.

Des négociations seraient en cours avec des actrices comme Judi Dench, Awkwafina et l’acteur Keegan-Michael Key. Après l’échec des bots à l’effigie de célébrités, Meta semble donc miser désormais sur des bots uniquement à la voix de stars.

Un pari marketing plus qu’une réelle valeur ajoutée ?

Cependant, on peut douter de la pertinence de cette approche. Meta ne passe-t-il pas à côté de la véritable valeur des chatbots, au profit de gadgets bon marché censés maximiser l’intérêt des utilisateurs ?

Certes, cela pourrait attirer dans un premier temps les fans de ces célébrités vers les outils d’IA de Meta. Mais au prix de lourds investissements pour ce qui s’apparente finalement à un artifice, une curiosité éphémère qui risque de s’estomper rapidement.

Meta AI déjà leader, même sans les stars

D’autant que selon le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, son chatbot maison Meta AI est déjà « en passe de devenir l’assistant IA le plus utilisé au monde », dépassant même ChatGPT en nombre d’utilisateurs. Il faut dire que Meta a placé l’invite Meta AI en évidence dans toutes ses applications.

Cela suggère que Meta n’a pas forcément besoin de gadgets liés aux stars pour promouvoir ses outils d’IA. Alors, quel est l’intérêt de dépenser des millions pour avoir Dame Judi Dench comme voix de chatbot ? Le pari est osé, mais le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Les vrais enjeux des chatbots pour Meta

Plus globalement, on peut s’interroger sur la valeur réelle des chatbots IA au sein d’applications de réseaux sociaux conçues pour faciliter les interactions humaines. Hormis pour la création de publicités ciblées ou la recherche, leur utilité reste à démontrer.

Meta ne devrait-il pas plutôt se concentrer sur l’amélioration de l’expérience utilisateur, le renforcement de la vie privée et la lutte contre la désinformation, plutôt que de miser sur des artifices IA aux bénéfices douteux ? L’avenir nous dira si les paris de Meta en matière d’intelligence artificielle finiront par payer.