Et si on vous disait que le marché publicitaire français a franchi un cap historique en 2024, dépassant les 18 milliards d’euros de recettes nettes ? Une année marquée par des événements majeurs comme les JO de Paris, une explosion du digital et des contrastes saisissants entre médias traditionnels et nouveaux leviers. Pour les entrepreneurs, marketeurs et passionnés de tech, ces chiffres ne sont pas juste des données : ils racontent une transformation profonde du paysage de la communication. Alors, que retenir de cette année charnière ? Plongeons dans une analyse complète, chiffres à l’appui, pour décrypter les tendances qui redessinent le business de la pub.

2024 : Une Croissance Portée par les Événements et le Digital

Le marché publicitaire français a bouclé 2024 sur une note globalement positive. Avec des recettes nettes atteignant 18,924 milliards d’euros, soit une hausse de 7,7 % par rapport à 2023, l’année a été dynamisée par des moments forts comme l’Euro et les Jeux Olympiques. Mais tout n’a pas été rose : les incertitudes politiques et les tensions géopolitiques ont pesé sur la fin d’année, freinant une croissance qui aurait pu être encore plus explosive. Ce cocktail d’opportunités et de défis a révélé des gagnants clairs : le digital et la télévision, pendant que d’autres secteurs, comme la presse ou le cinéma, continuent de lutter pour retrouver leur souffle d’avant-crise.

Derrière ces chiffres, une méthodologie robuste : l’IREP, France Pub et Kantar Media ont uni leurs forces pour croiser données brutes, recettes nettes et investissements des annonceurs. Résultat ? Une vue panoramique qui met en lumière les dynamiques à l’œuvre, des spots TV aux impressions digitales.

Le Digital, Roi Incontesté de 2024

Si une tendance devait dominer cette année, ce serait sans conteste l’essor fulgurant du digital. Avec une croissance de 14 % par rapport à 2023, le numérique s’impose comme le moteur principal du marché. Les formats vidéo (+32,4 %) et audio (+22,7 %) ont particulièrement brillé, portés par des usages en pleine expansion sur les plateformes de streaming et les podcasts. Même les médias traditionnels s’y mettent : les recettes digitales de la TV, de la radio et de la presse ont bondi de 16,7 %, atteignant des sommets jamais vus (+74,4 % par rapport à 2019).

Un autre phénomène notable ? Le Digital Out-Of-Home (DOOH), ces écrans publicitaires numériques qui envahissent les rues et les gares. En 2024, le DOOH a franchi la barre symbolique du milliard d’euros, avec une progression de 16,5 %. Pour les startups et les entreprises tech, c’est une opportunité en or : allier visibilité physique et flexibilité digitale, un combo gagnant dans un monde saturé de messages.

« Le digital n’est plus une option, c’est le cœur de la stratégie publicitaire moderne. »

– Analyse inspirée du Baromètre Unifié du Marché Publicitaire

Télévision et Pub Extérieure : Les Résistants

Face à la vague digitale, certains médias traditionnels tiennent bon. La télévision, par exemple, a enregistré une croissance de 4,2 % en 2024, dopée par les grands événements sportifs. Avec 9 340 annonceurs actifs, elle reste un pilier pour les marques qui cherchent à toucher un large public. Mais la répartition évolue : 79 % investissent dans les sites web des chaînes, 22 % dans le replay IPTV, et seulement 31 % dans les chaînes linéaires. Preuve que même la TV se digitalise pour survivre.

La publicité extérieure, elle, n’est pas en reste. Avec une hausse de 7,6 %, elle dépasse même son niveau de 2019 (+5,5 %). Le DOOH y est pour beaucoup, attirant 46 % des annonceurs OOH contre 27 % il y a cinq ans. Les rues deviennent des écrans, et les marketeurs malins l’ont bien compris.

Les Perdants : Presse, Cinéma et Courrier en Déclin

Tous les médias n’ont pas profité de cette embellie. La presse, par exemple, accuse une baisse de 5 % en 2024, avec un recul dramatique de 19,5 % par rapport à 2019. Même son versant digital ne compense pas la chute du print. Le cinéma, lui, stagne à -5,8 %, loin de son niveau pré-pandémie (-22,1 % vs 2019), malgré une légère hausse du nombre d’annonceurs (289 contre 275 en 2023). Quant au courrier publicitaire, il s’effrite doucement (-2,1 %), plombé par un déclin de 29,7 % sur cinq ans.

Ces chiffres posent une question clé pour les entrepreneurs : faut-il abandonner ces canaux ou y voir une niche à exploiter ? Pour certains, comme les imprimés sans adresse (ISA), le virage vers le prospectus digital (+35,6 %) montre qu’une réinvention est possible.

Les Annonceurs en 2024 : Qui Investit Où ?

Avec 74 070 annonceurs recensés, 2024 montre une polarisation claire : 79 % ont misé sur le digital, contre 39 % sur les cinq médias traditionnels. Seuls 17 % jouent sur les deux tableaux, preuve d’une transition encore inégale. La presse reste un vivier d’annonceurs (33 449), mais le social la dépasse en volume. La radio, avec 8 363 acteurs, voit ses formats digitaux grignoter du terrain (19 % en audio digital), tandis que la pub extérieure attire 8 889 annonceurs, dont une moitié sur le DOOH.

Un constat frappant ? Les gros poissons dominent : 4 % des annonceurs captent 80 % des budgets digitaux. Pour les startups et PME, cela signifie une chose : se démarquer passe par la créativité et des niches mal exploitées.

RSE et Luxe : Des Dynamiques Contrastées

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) reprend des couleurs en 2024. Après deux ans de recul, les investissements bruts dans la pub RSE grimpent de 1,7 %, représentant 11 % du marché (3,3 milliards d’euros). L’automobile reste en tête (+12 %), avec des marques comme Peugeot (+35 %) ou Renault (+13 %). Mais le secteur de l’énergie vole la vedette avec une hausse de 45 %, portée par Engie (+84 %) et EDF (+83 %). Les financiers ne sont pas en reste : AXA et GMF explosent leurs budgets, tandis que Crédit Mutuel s’impose comme leader.

À l’opposé, le luxe ralentit. Malgré une résilience face aux crises, ses investissements n’augmentent que de 3 %, freinés par un dernier trimestre en berne (-6 %). LVMH reste solide (+2 %), mais Chanel (-6 %) et L’Oréal (-12 %) fléchissent. Hermès (+32 %) et Kering (+21 %) tirent leur épingle du jeu, tandis que Lexus explose avec +140 %. Une leçon pour les marketeurs ? Même les géants doivent s’adapter.

Communication Globale : 35,755 Milliards d’Euros en Jeu

En élargissant le scope, les investissements en communication atteignent 35,755 milliards d’euros, en hausse de 5 %. Le digital (+9 %) et les JO (+1,5 point de croissance) tirent ce chiffre vers le haut, boostant le parrainage sportif et les réseaux sociaux. La vidéo et le retail média confirment leur rôle clé, pendant que la presse et le marketing direct s’essoufflent. Les secteurs dynamiques ? L’énergie et le corporate, dopés par les sponsors olympiques.

Depuis 2019, le mix média s’est transformé : le digital pèse désormais 29 %, au détriment des médias traditionnels. Pour les entrepreneurs, c’est une invitation à repenser leurs budgets : où investir pour maximiser l’impact ?

2025 : Une Croissance au Ralenti ?

Que nous réserve 2025 ? Les prévisions tablent sur une croissance modeste du PIB (+0,9 % réel, +2,4 % en prix courants), dans un contexte d’inflation stabilisée à 1,6 %. Mais le marché de la communication risque de stagner à +0,5 %, loin de la dynamique de 2024. Le digital poursuivra sa course (+8,2 %), mais les cinq grands médias devraient reculer (-0,5 %), tout comme les autres leviers (-3,7 %), affectés par l’effet post-JO.

Pour les pros du marketing et de la tech, 2025 sera l’année des choix stratégiques : miser sur le numérique, oui, mais sans négliger les opportunités inattendues des médias en perte de vitesse.

Ce qu’il Faut Retenir de 2024

Pour conclure, 2024 a été une année de contrastes et de transitions. Voici les points clés à emporter :

  • Une croissance globale de 7,7 %, portée par le digital (+14 %) et la TV (+4,2 %).
  • Le DOOH et la vidéo digitale, stars montantes du marché.
  • Un déclin persistant de la presse, du cinéma et du courrier.
  • La RSE rebondit (+1,7 %), le luxe ralentit (+3 %).
  • Des prévisions 2025 prudentes : +0,5 % pour la communication.

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