Alors que les élections américaines approchent à grands pas, un constat frappant émane d’une récente étude menée par le Pew Research Center : les réseaux sociaux demeurent une source d’information cruciale pour les citoyens des États-Unis. Pas moins de 54% des adultes américains affirment tirer au moins une partie de leur consommation d’actualités de ces plateformes omniprésentes. Un chiffre qui soulève autant de questions que d’inquiétudes, à l’heure où la désinformation et les théories du complot prolifèrent en ligne.
Un terrain miné pour s’informer
Difficile en effet de faire la part des choses entre le vrai et le faux sur les réseaux sociaux. Les fake news et autres contenus trompeurs y trouvent un terreau particulièrement fertile, amplifiés par les biais de confirmation des utilisateurs ou par des opérations de manipulation concertées. Dans ce maelstrom informationnel, démêler le fait de l’affabulation relève souvent de la gageure.
Certes, de nouveaux outils comme les Community Notes de X (anciennement Twitter) offrent l’espoir d’un meilleur repérage des canulars, en s’appuyant sur un large éventail de fact-checkeurs. Mais dans le même temps, certains acteurs malveillants s’évertuent à discréditer les sources officielles et les médias traditionnels, afin de propager des récits orientés servant leurs intérêts.
Vous ne savez pas à qui vous fier dans les publications sur les réseaux sociaux.
Le fact-checking comme garde-fou ?
Face à ce constat préoccupant, certains placent leurs espoirs dans les initiatives de fact-checking mises en place par les plateformes, via des organismes agréés. De même, les médias traditionnels, produits par des journalistes professionnels, sont supposés offrir un niveau de vérification et de mise en contexte supérieur dans leurs articles.
Mais là encore, des biais ont pu être mis en évidence, et certaines rédactions se sont laissées berner par des éléments fallacieux. Bref, il semble hasardeux de considérer comme une bonne nouvelle le fait que les réseaux sociaux constituent la source d’info privilégiée d’une majorité d’Américains.
X et TikTok, des cas particulièrement préoccupants
L’étude de Pew Research met en exergue des chiffres alarmants concernant certaines plateformes très populaires :
- 59% des utilisateurs de X y puisent des actualités
- 57% font de même sur Truth Social, le réseau lancé par Donald Trump
- 52% des usagers de TikTok disent s’y informer régulièrement, contre 22% en 2020
Or, depuis la prise de contrôle d’Elon Musk, X est devenu le repaire des théories conspirationnistes et des opinions politiques mal étayées. Quant à Truth Social, sa ligne éditoriale penche radicalement d’un côté de l’échiquier politique. Enfin, TikTok, qui compte plus de 150 millions d’utilisateurs aux États-Unis, est actuellement menacé d’interdiction dans le pays, en raison de soupçons de prosélytisme pro-chinois auprès des audiences occidentales.
Facebook, roi contesté de l’info sur les réseaux
Malgré les efforts affichés par Meta pour se distancer des contenus d’actualité au profit de vidéos légères et distrayantes, Facebook demeure la première source d’information sur les réseaux sociaux. Un leadership étonnant, alors que le géant de Menlo Park cherche ostensiblement à se défaire de cette casquette embarrassante à l’approche des élections.
Car Meta ne veut surtout pas être montré du doigt si les résultats du scrutin ne sont pas ceux escomptés. En se désinvestissant du secteur de l’information, le groupe espère diluer sa part de responsabilité. Mais au vu des chiffres de l’étude, cette stratégie pourrait s’avérer vaine : même relayées par des proches, les actualités circulant sur Facebook ont un impact potentiellement massif et délétère.
Mieux informés ou plus manipulés ?
Au final, le rôle prépondérant des réseaux sociaux dans la consommation d’information des Américains soulève une question cruciale : les citoyens sont-ils aujourd’hui mieux informés grâce aux dispositifs de fact-checking et aux Community Notes, ou au contraire davantage manipulés et désinformés, via les sujets tendance et les influenceurs ? Difficile à dire.
Une chose est sûre : à quelques semaines d’une échéance électorale majeure, l’emprise des plateformes sociales sur les esprits des électeurs promet d’être déterminante, pour le meilleur et, trop souvent hélas, pour le pire. Il appartient donc à chacun de faire preuve de discernement face au flux d’actualités proposé par ces applications, en croisant les sources et en gardant à l’esprit leurs travers.
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