Dans une annonce récente qui soulève bien des questions, Meta a révélé son intention d’abaisser les limites d’âge pour accéder à certaines expériences sociales en réalité virtuelle. Bientôt, les enfants âgés de seulement 10 à 12 ans pourront discuter et passer des appels dans le métavers, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités de connexion pour les plus jeunes, mais suscitant également de vives inquiétudes quant aux potentiels impacts négatifs sur leur développement.
Un accès élargi aux interactions sociales en VR
Selon Meta, cette décision s’inscrit dans le cadre du déploiement de son nouveau système d’exploitation Horizon, qui inclut une couche sociale destinée aux utilisateurs de 13 ans et plus. Désormais, la firme souhaite étendre certaines de ces fonctionnalités, comme les chats et les appels, à une tranche d’âge encore plus jeune.
Connecter les gens fait partie de ce qui rend la réalité mixte et virtuelle formidable, et nous sommes ravis de donner aux préadolescents la possibilité de profiter d’expériences sociales adaptées à leur âge, gérées par leurs parents.
– Meta
Concrètement, les 10-12 ans pourront chatter et appeler directement leurs contacts approuvés par les parents, tout en passant de manière fluide entre différents espaces multijoueurs. Que ce soit pour participer à des missions spatiales Apollo, explorer le Mont Cook en Nouvelle-Zélande, créer leur propre club de chant ou simplement jouer à leurs jeux favoris, les possibilités semblent infinies.
Des garde-fous parentaux mis en avant
Conscient des enjeux, Meta insiste sur le fait que le contrôle parental sera au cœur du dispositif. Chaque contact devra être approuvé individuellement par un parent pour permettre les interactions. Des outils de supervision, déjà en place pour les 13-17 ans, seront étendus à cette nouvelle tranche d’âge.
De plus, des processus de vérification de l’âge seront mis en œuvre pour ajouter une couche de sécurité supplémentaire. L’objectif affiché est de donner aux parents les moyens de gérer l’expérience VR de leurs enfants, tout en leur offrant de nouvelles opportunités d’exploration et de socialisation.
Les leçons des réseaux sociaux traditionnels
Malgré ces garde-fous, la décision de Meta soulève de sérieuses interrogations. Au fil des années, de nombreuses études ont démontré que l’usage des réseaux sociaux pouvait avoir des effets délétères sur les plus jeunes, impactant négativement leur développement, leur santé mentale et bien d’autres aspects.
Avec le recul, beaucoup de professionnels de santé concèdent aujourd’hui qu’il aurait sans doute fallu restreindre plus strictement l’accès des enfants à ces plateformes dès le départ, au vu des risques d’exposition.
- Plusieurs États américains, comme New York ou la Floride, ont d’ailleurs légiféré récemment pour mieux protéger les jeunes utilisateurs des dangers des réseaux sociaux.
- Les préoccupations concernent notamment les phénomènes de comparaison négative et de harcèlement en ligne.
Des risques potentiellement décuplés en VR
Dans ce contexte, on peut légitimement craindre que les expériences sociales en réalité virtuelle, bien plus immersives et prenantes, n’amplifient encore ces risques pour les plus jeunes. Après tout, la VR plonge l’utilisateur dans un environnement digital englobant, où la frontière avec le réel peut rapidement devenir ténue.
D’ailleurs, Meta a elle-même dû mettre en place des distances de sécurité entre avatars suite à des signalements de harcèlement sexuel, voire de « viol virtuel » dans ses espaces VR. Cela montre bien l’étendue des dangers potentiels, surtout pour des enfants en plein développement.
Les motivations de Meta en question
Au final, on peut se demander si abaisser ainsi les limites d’âge est vraiment raisonnable, avant même d’avoir un recul suffisant sur les implications de la VR sociale à grande échelle. Mais pour Meta, l’enjeu est de taille.
Pour concrétiser sa vision du métavers, la firme a besoin d’attirer dès maintenant les jeunes utilisateurs dans ses expériences VR, avec l’espoir qu’ils y évoluent ensuite en grandissant. Une stratégie qui pose question, tant les parallèles avec les dérives passées des réseaux sociaux sont évidents.
Alors certes, la promesse d’un monde virtuel socialement riche et interconnecté est enthousiasmante. Mais à quel prix pour les plus vulnérables ? Le débat est ouvert, et il est crucial que les garde-fous mis en avant par Meta soient à la hauteur des enjeux soulevés. L’avenir nous dira si ce pari de la VR pour tous, même les plus jeunes, était visionnaire ou au contraire précipité et potentiellement dommageable.
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