Le géant de la tech Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, vient d’écoper d’une sanction financière très sévère en Europe. La Commission irlandaise pour la protection des données (DPC) a en effet infligé à l’entreprise une amende record de 263 millions d’euros pour une violation massive de données personnelles datant de 2017. Retour sur cette affaire qui ébranle à nouveau la réputation déjà entachée de Meta en matière de protection de la vie privée.
Une fuite de données touchant des millions d’Européens
En 2017, Facebook avait révélé qu’une vulnérabilité dans sa fonction de téléchargement de vidéos avait permis à des pirates d’accéder aux informations personnelles de près de 30 millions d’utilisateurs dans le monde, dont 3 millions basés dans l’Union européenne. Selon la DPC, les hackers ont ainsi pu mettre la main sur une multitude de données sensibles :
- Nom et prénom
- Adresse email
- Numéro de téléphone
- Localisation
- Lieu de travail
- Date de naissance
- Religion
- Orientation sexuelle
Des informations extrêmement intimes que les utilisateurs ne souhaitent pas toujours partager publiquement. En exposant ces données à leur insu, Meta les a mis en danger et a gravement porté atteinte à leurs droits et libertés fondamentaux, estime la DPC.
Une sanction exemplaire pour des manquements répétés
L’amende de 263 millions d’euros, l’une des plus importantes jamais infligées en Europe pour une violation de données, vise à sanctionner le non-respect par Meta de plusieurs grands principes du RGPD (Règlement général sur la protection des données). La DPC reproche notamment à l’entreprise de ne pas avoir suffisamment intégré la protection des données personnelles dans la conception de ses produits.
Cette action coercitive montre comment le fait de ne pas intégrer les exigences de protection des données tout au long du cycle de conception et de développement peut exposer les individus à des risques et des préjudices très graves, notamment un risque pour les droits et libertés fondamentaux.
Commission irlandaise pour la protection des données
Ce n’est malheureusement pas la première fois que Meta se fait épingler pour son laxisme en matière de confidentialité. Sur la seule année 2024, le groupe a écopé de plusieurs sanctions records en Europe :
- 841 millions d’euros en novembre pour des pratiques anti-concurrentielles liées à Facebook Marketplace
- 1,3 milliard d’euros en 2023 pour le transfert illégal de données européennes vers les États-Unis
- 414 millions d’euros pour avoir forcé les utilisateurs à accepter de la publicité ciblée
Meta est également sous le coup de plusieurs enquêtes pour de potentielles violations des nouvelles réglementations européennes sur les services et marchés numériques (DSA et DMA). À ce rythme, l’entreprise devrait peut-être provisionner un demi-milliard d’euros chaque année pour les amendes de l’UE !
Des sanctions à la hauteur des enjeux mais peu dissuasives ?
Si ces montants donnent le tournis, ils restent finalement assez dérisoires au regard du chiffre d’affaires faramineux de Meta, qui devrait avoisiner les 160 milliards de dollars en 2024. L’entreprise dispose donc de moyens colossaux, ce qui pousse de nombreux régulateurs à la sanctionner lourdement, parfois pour des manquements assez mineurs.
On peut toutefois s’interroger sur l’efficacité réelle de telles amendes. Certes, elles rappellent à Meta et aux autres géants de la tech qu’ils ne sont pas au-dessus des lois. Mais tant qu’elles resteront une goutte d’eau dans leur océan de profits, il est peu probable qu’elles les incitent à revoir en profondeur leurs pratiques. Seule une responsabilisation volontaire, guidée par une véritable éthique, pourra garantir une meilleure protection de nos données.
En attendant ce sursaut, les utilisateurs doivent plus que jamais rester vigilants et maîtres de leurs informations personnelles. Car derrière les mea culpa et les promesses, Facebook et consorts n’ont pas encore prouvé qu’ils étaient dignes de notre confiance. Cette énième condamnation en est la triste illustration.
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