En dépit des efforts affichés par Meta pour prendre ses distances avec le contenu politique, il semblerait que le géant des réseaux sociaux ait encore du mal à se défaire de cette épineuse question. Selon un récent rapport de Forbes, des centaines de publicités véhiculant de la désinformation sur les élections à venir pullulent actuellement sur Facebook, rapportant des millions de dollars à l’entreprise.
Des publicités politiques controversées
Parmi les exemples cités par Forbes, on retrouve des publicités montrant la vice-présidente Kamala Harris affublée de cornes de diable avec un drapeau américain en feu en arrière-plan, ou encore des montages photos associant Harris et le candidat à la vice-présidence Tim Walz à des scènes post-apocalyptiques et des médicaments se déversant de flacons. Certaines remettent en question la candidature de Harris tandis que d’autres suggèrent que l’Amérique se dirige vers une nouvelle guerre civile.
Ces publicités, qui violent clairement les règles de la plateforme en matière de désinformation, soulèvent une fois de plus la question de la responsabilité des réseaux sociaux dans la diffusion de fausses informations politiques. Un enjeu d’autant plus crucial à l’approche d’échéances électorales majeures.
L’ombre de 2016 plane toujours
Ce n’est pas la première fois que Meta se retrouve épinglé pour son rôle dans la propagation de désinformation politique. Lors de l’élection présidentielle américaine de 2016, des opérateurs basés en Russie avaient utilisé massivement des publicités Facebook pour promouvoir des informations contradictoires sur les candidats, avec pour objectif de semer la discorde parmi les électeurs.
Cette affaire, couplée aux pressions des médias réclamant une rémunération pour l’utilisation de leurs contenus, a poussé Meta à revoir sa copie. Depuis, l’entreprise a progressivement pris ses distances avec la politique, supprimant notamment sa section dédiée à l’actualité et mettant fin à ses accords avec les éditeurs de presse.
Une volonté affichée de « dépolitisation »
En début d’année, Meta a officiellement annoncé son intention de s’éloigner complètement du contenu politique, privilégiant des interactions plus divertissantes et moins clivantes sur ses plateformes. Un virage stratégique qui intervenait à point nommé, à quelques mois du lancement de la campagne pour la présidentielle américaine.
L’un des principaux retours que nous recevons actuellement de notre communauté est que les gens ne veulent pas que la politique et les conflits envahissent leur expérience sur nos services.
Mark Zuckerberg, PDG de Meta, lors d’une conférence sur les résultats en janvier 2021
Threads, le nouveau champ de bataille politique ?
Mais cette volonté de « dépolitisation » se heurte à un obstacle de taille : l’appétence des utilisateurs pour les discussions et les débats en temps réel, au cœur même du fonctionnement de plateformes comme Twitter. Un créneau sur lequel Meta compte bien se positionner avec son application Threads, présentée comme une alternative au réseau social d’Elon Musk.
Dès lors, difficile d’imaginer que Threads puisse faire l’impasse sur le contenu politique sans perdre de son attrait. Pour réussir son pari, Meta devra donc trouver un juste équilibre entre sa volonté de proposer un espace d’échange attractif et son engagement à modérer les dérives.
Une responsabilité impossible à esquiver
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : avec une audience de plus de 3 milliards d’utilisateurs à travers le monde, Meta ne pourra jamais totalement se soustraire à ses responsabilités en matière de contenu politique. Tant que ses plateformes occuperont une place centrale dans le débat public, elles resteront inévitablement exposées aux tentatives de manipulation et de désinformation.
Face à ce défi, l’entreprise n’aura d’autre choix que de renforcer continuellement ses efforts de modération et de fact-checking, tout en faisant preuve d’une transparence accrue sur ses politiques et ses processus de décision. Un véritable travail de Sisyphe, mais indispensable pour préserver l’intégrité du débat démocratique à l’ère du numérique.
Vers une régulation plus stricte ?
Au-delà des initiatives des plateformes elles-mêmes, la question de la régulation du contenu politique sur les réseaux sociaux devient de plus en plus pressante. De nombreux législateurs à travers le monde plaident pour un encadrement plus strict, afin de responsabiliser davantage les géants de la tech.
Reste à savoir quelle forme pourrait prendre cette régulation, et comment trouver le juste équilibre entre liberté d’expression et protection contre la désinformation. Un débat complexe et hautement sensible, qui risque de nous occuper encore longtemps.
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