Face aux inquiétudes croissantes concernant les effets néfastes des réseaux sociaux, en particulier sur les jeunes, plusieurs états américains mettent en place leurs propres lois et réglementations visant à endiguer le problème. L’état de New York vient de franchir un cap important en adoptant deux lois majeures : le « SAFE Kids Act » et une loi sur la protection des données des enfants.

Le « SAFE Kids Act » : objectif algorithmes

Le projet de loi « Stop Addictive Feeds Exploitation (SAFE) for Kids » est le plus controversé des deux. Il vise à interdire aux plateformes de réseaux sociaux de fournir un fil d’actualité « addictif » aux mineurs de moins de 18 ans sans le consentement parental. Cet « addictive feed » désigne en réalité tous les fils d’actualités définis par des algorithmes au sein des applications sociales.

Selon le texte, les fils d’actualité addictifs constituent une technologie relativement récente utilisée principalement par les géants du web. Ils montrent aux utilisateurs des contenus personnalisés pour les garder engagés le plus longtemps possible. Grâce au machine learning et à l’analyse de centaines de milliers de points de données, les algorithmes prédisent ce qui maintiendra chacun d’entre nous sur la plateforme, au détriment de tout le reste.

Quelles implications pour les réseaux sociaux ?

Si ces nouvelles réglementations sont promulguées, les plateformes de médias sociaux opérant dans l’état de New York ne pourront plus proposer de fils d’actualité algorithmiques aux utilisateurs adolescents. Elles devront plutôt fournir des versions alternatives de leurs applications, dépourvues d’algorithmes. De plus, elles n’auront plus le droit d’envoyer des notifications push aux mineurs entre minuit et six heures du matin.

L’objectif est d’offrir une meilleure protection aux adolescents et de s’assurer qu’ils ne deviennent pas dépendants des impacts négatifs des applications sociales.

Kathy Hochul, Gouverneure de l’état de New York

Des effets néfastes démontrés sur la santé mentale des ados

De nombreux rapports ont mis en évidence les effets particulièrement néfastes de l’utilisation des réseaux sociaux chez les plus jeunes :

  • Une étude interne de Meta a révélé qu’Instagram pouvait avoir des effets négatifs sur la santé mentale des adolescentes, bien que l’entreprise ait ensuite tenté de minimiser ces résultats.
  • La comparaison négative et le harcèlement en ligne font partie des principales préoccupations mises en avant par de multiples études.
  • L’addiction aux réseaux sociaux est un problème de plus en plus reconnu, avec des conséquences sur le bien-être et les résultats scolaires des jeunes.

Un paysage réglementaire en pleine évolution

Face au manque d’action au niveau fédéral, les états prennent les devants avec leurs propres mesures. La Floride exige désormais le consentement parental pour les 14-15 ans souhaitant créer un compte sur les réseaux sociaux. Le Maryland a également proposé de nouvelles réglementations limitant la collecte de données sur les mineurs en ligne.

Un contraste saisissant avec l’Europe, où des régulations à l’échelle de l’UE sur l’utilisation des données et la protection des enfants ont été mises en place. Les géants de la tech ont dû s’y conformer, en proposant notamment des expériences utilisateur alternatives sans algorithmes ni publicités.

Des défis à relever pour une régulation efficace

Sans réglementation nationale, les plateformes de médias sociaux risquent de devoir naviguer dans un paysage législatif de plus en plus complexe et fragmenté. Des processus de vérification de l’âge, un accord sur l’amplification algorithmique des contenus pour les ados ou encore des restrictions sur les notifications push devraient idéalement être définis au niveau fédéral.

Alors que le Sénat débat de mesures plus universelles, il semble qu’une grande partie de la responsabilité incombe aux états. Ces annonces reflètent surtout une frustration croissante face à l’inaction.

Andrew Hutchinson, Content and Social Media Manager

L’évolution rapide de l’écosystème des réseaux sociaux et la prise de conscience progressive des risques, en particulier pour les plus jeunes, posent des défis inédits aux régulateurs. Un équilibre délicat doit être trouvé entre la protection des utilisateurs vulnérables et la liberté d’innovation des plateformes. La loi new-yorkaise marque une étape importante, mais le chemin vers une réglementation efficace et harmonisée est encore long.