L’annonce fracassante de ce début de semaine a fait trembler le monde de la publicité : Omnicom Media Group, le quatrième plus grand acteur du marché, vient de racheter Interpublic Group (IPG), son concurrent direct et troisième plus gros acteur. Une fusion à 14 milliards de dollars qui promet de rebattre les cartes du secteur et de faire émerger un nouveau leader incontesté. Mais cette opération soulève autant d’enthousiasme que d’interrogations. S’agit-il d’une offensive stratégique ou d’un mécanisme de défense face à un marché en pleine mutation ? Décryptage.

Omnicom + IPG = 20 Milliards De Dollars De Chiffre D’affaires

Avec cette acquisition estimée à 14 milliards de dollars, Omnicom et IPG cumuleront un chiffre d’affaires net de 20 milliards de dollars. De quoi reléguer les actuels leaders, le britannique WPP (15,1 milliards) et le français Publicis (13 milliards d’euros), loin derrière. Mais cette fusion devra d’abord passer sous les fourches caudines des autorités de la concurrence avant de se concrétiser.

Ce n’est pas une surprise puisque cela était attendu, et cela fait du sens à la situation actuelle. Les deux groupes ont vu leur influence baisser face à Publicis et IPG subit un vrai déclin en termes de croissance organique.

– David Jones, PDG de The Brandtech Group

Selon certains experts, cette fusion permettra aux deux géants de se réengager dans le secteur et de voir leurs chiffres évoluer rapidement, en positif. Mais d’autres y voient le signe d’un déclin, voire d’une forme de résignation face à la montée en puissance de nouveaux acteurs.

Publicis Se Frotte Les Mains

Du côté de Publicis, dont la fusion avortée avec Omnicom il y a quelques années avait fait couler beaucoup d’encre, on se réjouit subtilement de cette place de dauphin que les deux géants vont désormais lui laisser. Arthur Sadoun, le président-directeur général du groupe français, a d’ailleurs livré sa vision dans une courte vidéo :

Omnicom a décidé de faire du shopping et d’acheter IPG. (…) Publicis est considéré comme une grande maison, entourée d’un voisinage malsain. Et bien, ce voisinage sera beaucoup plus agréable si nous ne sommes plus que 3 acteurs principaux.

– Arthur Sadoun, PDG de Publicis

Selon lui, le travail de fusion détournera très certainement l’attention des deux leaders de ce qui fait pourtant le succès d’une agence de publicité : ses clients et la façon dont elle les accompagne. Une opportunité en or pour Publicis de tirer son épingle du jeu.

Une Fusion Synonyme D’innovation ?

Mais au-delà des jeux de pouvoir entre mastodontes, c’est bien la capacité d’innovation qui sera scrutée de près. Face à des acteurs comme Google, Meta ou Amazon qui bousculent le marché publicitaire, Omnicom-IPG a intérêt à ce que cette fusion soit synonyme de créativité et d’agilité. Sinon, WPP et Publicis auront la voie libre pour transformer cet immense changement en formidable opportunité.

Car dans ce secteur ultra-concurrentiel, les équilibres peuvent vite basculer. Et les géants d’aujourd’hui pourraient bien être les dinosaures de demain s’ils ne parviennent pas à se réinventer. La fusion Omnicom-IPG sera donc suivie de très près par l’ensemble de l’écosystème publicitaire mondial. Avec une question en toile de fond : ce mariage de raison suffira-t-il à créer un nouveau modèle, plus innovant et plus performant ? Réponse dans les prochains mois.

  • Omnicom et IPG fusionnent pour créer un nouveau leader mondial de la publicité
  • Une transaction à 14 milliards de dollars qui bouscule le marché
  • Publicis se réjouit de récupérer des parts de marché
  • La clé du succès : réussir à innover pour contrer Google, Meta, Amazon