Le Compte Personnel de Formation (CPF), mis en place pour démocratiser l’accès à la formation professionnelle, a connu une évolution majeure en 2024 avec l’introduction d’un reste à charge de 100€ pour les bénéficiaires. Alors que cette mesure visait à responsabiliser les utilisateurs et optimiser l’usage des fonds publics, elle a engendré une baisse significative des demandes de formation de 30% dès juin. Comment interpréter ce recul et quels enseignements en tirer pour l’avenir du CPF ?

L’anticipation face au reste à charge

L’annonce préalable du reste à charge a entraîné un phénomène d’anticipation, avec une explosion des demandes CPF en avril, juste avant sa mise en application. Les utilisateurs ont profité de cette dernière fenêtre sans frais pour maximiser leurs projets de formation. Cet afflux concentré explique en partie le recul observé ensuite.

D’autres facteurs conjoncturels, comme les élections législatives ou les Jeux Olympiques, ont pu temporairement détourner l’attention des salariés et demandeurs d’emploi de leur parcours de formation. Mais la question centrale reste de savoir si le reste à charge sera un frein durable ou s’il sera peu à peu accepté.

Vers une stabilisation progressive

Bien que brutal, le repli de 30% en juin semble s’atténuer avec un recul plus modéré de 16% en juillet. Ce ralentissement de la baisse pourrait signaler un début d’adaptation des bénéficiaires à cette nouvelle donne financière. Les prochains mois seront cruciaux pour confirmer une tendance à la stabilisation.

La logique de responsabilisation est louable, mais elle ne doit pas devenir une barrière infranchissable à la montée en compétences.

– Un expert en politiques de formation

Si la volonté de limiter les abus et d’orienter les fonds vers des formations pertinentes est compréhensible, il faut rester vigilant sur les effets réels de ce reste à charge. Pour beaucoup de salariés ou chômeurs, ces 100€ peuvent représenter un obstacle, surtout en période de tensions budgétaires. L’accès à la formation, enjeu clé d’employabilité, pourrait pâtir de ce surcoût.

Exploiter toutes les possibilités

Face à cette nouvelle donne, il importe de ne pas renoncer mais d’explorer toutes les pistes pour concrétiser son projet de formation malgré le reste à charge :

  • Négocier un abondement auprès de son employeur qui peut avoir intérêt à cofinancer une montée en compétences
  • Chercher des compléments de financement via Pôle Emploi, les OPCO, les régions…
  • Voir la formation comme un investissement rentable sur le long terme malgré le coût immédiat

Au-delà des 100€, le CPF demeure un formidable levier d’évolution professionnelle à condition de l’utiliser de façon réfléchie et ciblée. La baisse actuelle des demandes est un test grandeur nature pour mesurer l’appétence réelle des actifs pour la formation. Charge aux pouvoirs publics et aux entreprises de préserver cet acquis en trouvant le bon équilibre entre responsabilisation et accessibilité.