Publier une photo de nos enfants sur les réseaux sociaux est devenu un geste banal pour de nombreux parents. Fiers de leur progéniture, ils partagent leurs moments de vie, sans toujours mesurer les risques. Car derrière ces publications anodines se cache un véritable danger : la cyberpédocriminalité. C’est tout l’enjeu de la nouvelle campagne choc « Merci », lancée par l’association CAMELEON en collaboration avec l’agence LIBRE MullenLowe.
Une expérience sociale saisissante
La vidéo, réalisée en caméra cachée, met en scène une mère distribuant des photos de sa fille à des inconnus dans la rue. Une situation incongrue qui illustre pourtant bien la réalité du « sharenting », contraction de « share » (partager) et « parenting » (parentalité). En effet, selon une étude de 2023, plus d’un parent sur deux a déjà partagé du contenu sur ses enfants en ligne. Sans le savoir, ils offrent alors une mine d’informations à de potentiels prédateurs : nom, habitudes, lieux fréquentés…
Le parallèle transposé dans la vraie vie me paraît être une méthode simple et efficace de sensibilisation sur un vrai problème de société.
– Antoine Colin, directeur de création LIBRE MullenLowe
Un volet print qui donne un visage aux prédateurs
En complément du film, la campagne comprend également quatre visuels print percutants. Pour la première fois, des prédateurs sexuels sont mis à l’affiche, téléphone à la main, dans des lieux fréquentés par les enfants. Terrain de sport, arrêt de bus, sortie d’école… Ils se fondent dans la masse et ressemblent à Monsieur Tout-le-monde. Un message clair : les prédateurs sont partout, dans tous les milieux. « Ne leur donnons pas les moyens de contacter nos enfants », insiste CAMELEON.
L’intelligence artificielle au service d’une cause
Trouver des comédiens acceptant de poser en prédateur sexuel n’étant pas chose aisée, LIBRE MullenLowe a réalisé un véritable tour de force en générant l’intégralité des visuels grâce à l’intelligence artificielle. Un choix audacieux et une prouesse technique saluée par l’association, qui voit ici le potentiel de l’IA pour soutenir de grandes causes.
Un grand merci à Marc Da Cunha Lopes pour ce travail titanesque et le rendu plus que bluffant. Il vient avec son talent grossir les rangs de ceux qui luttent contre la cyberpédocriminalité.
– Antoine Colin, directeur de création LIBRE MullenLowe
Un appel à la vigilance parentale
Avec cette campagne, CAMELEON et LIBRE MullenLowe espèrent faire évoluer les pratiques en matière de partage en ligne. Car si le « sharenting » part d’une bonne intention, ses conséquences peuvent être dévastatrices. Selon une étude de 2024, 40% des personnes ayant consulté des contenus pédopornographiques ont ensuite cherché à contacter un enfant. Les réseaux sociaux leurs offrent un terrain de chasse idéal en leur fournissant toutes les informations nécessaires.
Face à ce constat alarmant, l’association appelle les parents à la plus grande vigilance. Avant de publier une photo de son enfant, il est essentiel de se poser les bonnes questions :
- Est-ce que je dévoile des informations personnelles (nom, école, activités…) ?
- Qui peut accéder à cette publication ? Mes paramètres de confidentialité sont-ils bien réglés ?
- Ai-je vraiment besoin de partager cette photo ?
Des réflexes de bon sens qui peuvent faire toute la différence. Car comme le rappelle Violaine Monmarché, directrice générale adjointe de CAMELEON : « La plus grande satisfaction serait qu’à l’issue de la campagne, avant de poster son enfant sur internet, chaque adulte se pose la question : « ai-je vraiment envie de le/la partager ? » »
Une association engagée contre les violences sexuelles
Depuis 27 ans, CAMELEON se bat pour les droits des enfants et contre les violences sexuelles. Son approche globale et son expertise en font une référence dans la lutte contre la cyberpédocriminalité. Après le succès de sa campagne #LePartage en 2022, elle renouvelle sa collaboration avec LIBRE MullenLowe pour porter un message de prévention fort et impactant.
C’est très rare d’avoir ce niveau de compréhension instinctive et d’adhésion avec une agence. Ils ont intrinsèquement adopté notre cause, et ensemble, nous fourmillons déjà d’idées pour la suite.
– Violaine Monmarché, directrice générale adjointe de CAMELEON
Repenser notre présence en ligne pour protéger nos enfants
À l’heure du tout numérique, la frontière entre vie privée et exposition publique est de plus en plus ténue. La campagne « Merci » nous rappelle avec force l’importance de la prudence et de l’éducation aux médias. Car ce sont nos comportements en ligne qui peuvent mettre nos enfants en danger. Prendre conscience des risques liés au « sharenting », c’est déjà faire un grand pas pour les protéger des dérives du web. Un défi majeur et urgent, que parents, pouvoirs publics et acteurs du numérique doivent relever main dans la main.
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