Malgré les annonces optimistes répétées d’Elon Musk sur la croissance et la popularité de X, l’ancien Twitter, de nouvelles données internes obtenues par le New York Times dressent un tableau bien plus sombre de la santé financière du réseau social. Loin d’être sur la voie de la rentabilité, les revenus et bénéfices de la plateforme s’effondrent depuis son rachat par le milliardaire fin 2022. Une situation critique qui pourrait bien sonner le glas de l’aventure d’Elon Musk dans les médias sociaux.

X voit ses revenus et profits s’effondrer

Selon des documents internes consultés par le New York Times :

  • Les revenus de X aux États-Unis ont chuté de 53% au 2ème trimestre 2024 par rapport à 2023, à seulement 114 millions de dollars
  • Cela représente aussi une baisse de 25% par rapport au 1er trimestre 2024
  • X vise 190 millions de dollars de revenus US au 3ème trimestre, notamment grâce aux Jeux Olympiques et à la rentrée du football américain
  • Mais ce serait toujours 25% de moins qu’au 3ème trimestre 2023

Pour rappel, Twitter avait généré 4,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2022 avant son rachat, essentiellement grâce à la publicité. En 2023, première année de l’ère Musk, les revenus ont chuté à environ 3,4 milliards. Et la tendance semble s’aggraver en 2024.

Des économies qui ne compensent pas la chute des revenus

Certes, Elon Musk a drastiquement réduit les coûts en licenciant environ 80% des employés. Mais dans le même temps, le rachat de Twitter à coup d’emprunts a alourdi la dette de l’entreprise, avec environ 1,2 milliard de dollars d’intérêts annuels à rembourser. Résultat, malgré les économies, la rentabilité est loin d’être au rendez-vous.

Sur la base des chiffres du New York Times pour les États-Unis, on peut estimer les revenus totaux de X :

  • Historiquement, les US représentaient environ 50% du chiffre d’affaires de Twitter
  • X aurait donc généré autour de 230 millions de dollars dans le monde au 2ème trimestre 2024
  • Et environ 287 millions de dollars au 1er trimestre
  • Soit 517 millions de dollars sur le premier semestre 2024

En ajoutant les revenus issus des abonnements payants, encore très minoritaires avec seulement 1 million d’utilisateurs environ, on arriverait à un total d’un peu plus de 600 millions pour le premier semestre 2024. Sur cette base, difficile pour X d’atteindre ne serait-ce que la moitié de son chiffre d’affaires 2023 (3,4 milliards), et à peine de quoi couvrir le service de la dette. La rentabilité semble inaccessible.

Les annonceurs continuent de bouder la plateforme

Le cœur du problème pour X reste la défiance persistante des annonceurs. Nombre d’entre eux ont fui la plateforme depuis son rachat par Elon Musk, échaudés par son approche absolutiste de la liberté d’expression et le retour de contenus et comptes problématiques. Malgré les efforts de Linda Yaccarino, la directrice de la publicité recrutée par Musk, les grandes marques hésitent toujours à revenir.

Pour le moment, les annonceurs ne se précipitent pas. Ils regardent, ils attendent de voir.

Un dirigeant média cité par le New York Times

X espère que les grandes échéances sportives et politiques de la fin d’année doperont les revenus publicitaires. Mais il faudrait un véritable retournement de situation pour revenir au niveau d’avant le rachat. Faute de réussir à relancer la machine, l’avenir de la plateforme pourrait bien être menacé.

Quelles autres options pour redresser la barre ?

Si la publicité continue de faire défaut, Elon Musk dispose d’autres leviers pour tenter de renflouer X. Mais aucun ne semble miraculeux :

  • Miser sur les abonnements payants en rendant certaines fonctionnalités accessibles uniquement aux comptes premium
  • Développer la vente de données pour alimenter l’intelligence artificielle, notamment via sa nouvelle filiale xAI qui a levé 11 milliards de dollars
  • Vendre une partie de ses parts dans Tesla pour réinjecter des fonds personnels, au risque de mécontenter les investisseurs du constructeur

Reste à voir si l’une de ces pistes, ou une combinaison des trois, permettra à Elon Musk de sauver son pari risqué sur X. Mais pour l’heure, le réseau social semble s’enfoncer dans une spirale négative dont il sera difficile de sortir sans un revirement majeur. La rentabilité, et même la survie de la plateforme, sont plus que jamais en question.