Ces derniers jours, les réseaux sociaux ont été envahis de publications d’utilisateurs affirmant « ne pas autoriser Meta à utiliser leurs données et contenus pour entraîner l’IA ». Malheureusement, poster ce genre de message ne suffit pas à exercer ses droits. En réalité, cela ne fait que fournir encore plus de contenu à Meta pour nourrir ses algorithmes d’intelligence artificielle.

Ce que disent les conditions d’utilisation de Meta

En créant un compte sur Facebook, Instagram ou toute autre application de Meta, vous acceptez les conditions générales d’utilisation. Et celles-ci stipulent clairement que :

Vous accordez à Meta une licence non exclusive, libre de droits, transférable, sous-licenciable et mondiale pour héberger, utiliser, distribuer, modifier, exécuter, copier, représenter ou afficher publiquement, traduire et créer des œuvres dérivées de votre contenu.

Cette licence ne prend fin que lorsque votre contenu est supprimé des systèmes de Meta. Et elle inclut bien le droit d’utiliser vos publications pour entraîner des modèles d’IA, comme l’a confirmé le directeur produit de Meta Chris Cox.

Ce qui est utilisé pour l’entraînement de l’IA chez Meta

Meta n’utilise pas vos messages privés ou contenus partagés avec vos amis pour entraîner ses IA. En revanche, tout ce que vous publiez publiquement entre dans le cadre de la licence accordée et peut donc servir à nourrir les algorithmes, y compris :

  • Les publications publiques
  • Les photos et vidéos publiques ainsi que leurs légendes
  • Les interactions avec les fonctionnalités d’IA générative comme Meta AI

Pas d’opt-out possible, sauf dans l’UE

La seule exception concerne les utilisateurs européens, qui pourront bientôt s’opposer à l’utilisation de leurs données pour l’IA grâce au « droit d’objection » prévu par les récentes régulations sur l’usage des données personnelles dans l’UE.

Pour tous les autres, il n’y a que deux solutions pour empêcher Meta d’utiliser vos contenus :

  • Supprimer vos publications
  • Passer tous vos comptes et contenus en mode privé

Et cela ne fonctionne que pour le futur, impossible de le faire rétroactivement pour vos anciennes publications. Quoi qu’il en soit, poster une story Instagram affirmant votre « opt-out » n’a strictement aucun effet légal.

Une question de transparence et de contrôle des données

Au-delà du cas de Meta, cette situation soulève des questions importantes sur la transparence des géants de la tech quant à l’utilisation de nos données personnelles. Beaucoup d’utilisateurs ne réalisent pas l’étendue des droits qu’ils cèdent en acceptant les conditions d’utilisation.

Il est urgent que les législateurs se saisissent du sujet pour mieux encadrer l’usage des données par les entreprises tech, en particulier dans le cadre de l’entraînement des intelligences artificielles. Les utilisateurs doivent avoir un véritable droit de regard et de contrôle sur leurs informations.

En attendant une évolution des régulations, la meilleure protection reste d’être vigilant sur ce que l’on partage publiquement sur les réseaux sociaux. Car une fois en ligne, il devient très difficile de garder la main sur la diffusion et l’exploitation de ces contenus.